Quatre points de phosphore


– C’est quoi quatre points de phosphore ?

– C’est quoi quatre quoi ?

– Est-ce que tu sais ce que c’est que quatre points de phosphore ?

– Quatre points de phosphore ? Tu l’écris comment ?

– Bah quatre comme le chiffre.

– Merci ducon, je sais encore écrire quatre, c’est pour phosphore que je te demande.

– Bah phosphore comme le phosphore : P – H – O – S – P – H – O – R – E. Ducon toi-même.

– Qu’est-ce que j’en sais, c’est quoi cette phrase d’ailleurs ? A part que le phosphore c’est un élément chimique, un minéral qui brille dans le noir si tu l’as éclairé avant, je vois pas trop ce que je peux te dire.

– Je le savais déjà ça, mais bon, merci quand même.

– Parce que c’est quoi ta phrase là ? Quatre points de phosphore ? Genre il y a un type qui a fait quatre ronds en phosphore sur le mur ? C’est ça ton texte ?

– Ca dit : Et dans le boudoir où, sonore, / Tintait son rire aérien, / Brillaient quatre points de phosphore.

– C’est pas plus clair. Puis t’as l’air con quand tu dis « a-é-ri-en », personne dit ça comme ça.

– Je dis ça pour les pieds.

– C’est pas très aérien un pied.

– Bon, écoute, merci. Tu m’as bien aidé, maintenant je vais me démerder tout seul et ça ira aussi bien, tu peux repartir.

– Je ne vais pas repartir maintenant, je veux savoir cette histoire de points de phosphore aériens. J’ai bien envie de comprendre.

– C’est le poème Femme et chatte de Verlaine, t’as qu’à chercher sur internet, tu le trouveras.

– C’est celui qui commence par « Elle jouait avec sa chatte » ?

– Oui c’est lui, essaie d’être sérieux s’il te plaît, laisse-moi chercher pour comprendre ça. Je comprends pas parce que ça parle des ongles et des griffes tout du long, et paf, à la fin c’est quatre points de phosphore mais il n’y a ni quatre griffes, ni quatre ongles. Donc je vois pas ce que c’est.

– Un truc qui brille dans le noir, qu’est rond et qu’il y en a quatre sur une femme et une chatte réunies, c’est sans doute les yeux.

– Il est complètement con ce poème, il n’a aucun sens. Il dit quoi là ? Il mate une femme par la fenêtre, il se dit qu’elle est délicate mais en même temps qu’elle pourrait être dangereuse mais que c’est pareil pour le chat. Et que tout le monde est dupe sauf le diable. Super, c’était bien la peine de faire un sonnet pour ça. Merci, Paul, super, c’est la deuxième pire chose que tu aies faite après avoir tenté de tuer Rimbaud, franchement, chapeau.


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