La vengeance, c’est hideux. La méchanceté inconditionnelle par rancœur d’une expérience passée. C’est laid. Qu’est-ce que c’est vilain. La vengeance mesquine, c’est moi. C’est moi qui choisis délibérément de ne jamais prendre de photos ni de faire de vidéos à Noël ou lors des évènements familiaux. Pour « profiter du moment présent », parce que « les vrais souvenirs sont dans les mémoires et pas sur les téléphones portables ». C’est faux, je mens. Si je m’interdis de garder des traces, c’est parce que les gens qui sont absents, qui se sont rétractés d’eux-mêmes de ma vie ou que j’ai choisi d’en extraire, par haine ou par ennui, par lassitude parfois, je veux qu’ils paient. Je veux qu’ils paient pour ce qu’ils ont raté ou que je leur ai fait rater, je veux leur retirer, non seulement le fait de participer à ces moments de joie de façon directe, mais je veux également leur interdire de pouvoir le rattraper plus tard. Il n’y a pas de seconde chance, il n’y a que des compromis. Des compromis moches, faibles et lâches, presque aussi hideux que ma soif de vengeance inextinguible. Vous ne saurez pas qui avait les yeux remplis d’étoiles, qui déchirait les papiers avec empressement, qui tenait qui dans ses bras, ni même qui était présent, qui était absent, si la bûche était bonne, si le sapin était beau et la table bien décorée, ni s’il y avait même une bûche, un sapin et une table, vous ne saurez rien car, si je vous ai extrait de ma vie ou si vous vous êtes extrait de ma vie, je ne vous ferai pas la grâce d’un lot de consolation, vous n’aurez plus qu’à payer. Et si vous pouvez payer chez vous, loin de moi, sans même que je sois informé de votre peine, de votre regret et de votre chagrin qui, de toute façon, n’éveilleront chez moi aucune once de pitié, alors ayez un peu de respect pour vous et faites-le. Soyez absent et soyez-le bien, jusqu’à la dernière goutte que je vous encourage à bien savourer, jusqu’à la dernière miette de votre existence dont j’espère ne plus jamais avoir vent.
Et si, par malheur ou par hasard, il arrivait que nos routes se recroisent, et si, par remord ou par oubli, il arrivait que je veuille revenir sur ma décision, soyez assuré que ce n’est pas la personne que vous croiserez à ce moment-là qui sera votre ennemi, mais bien celle qui écrit maintenant et qui fait tout son possible pour qu’aucun pardon ne puisse jamais être accordé.
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