J’ai regardé mes mains et je me suis dit : ça y est, je brûle, je suis en train de me dissoudre et pour rien au monde je ne voudrais que cela cesse.
Pourtant, mes mains sont toujours là, mes bras intacts. Je ne brûle pas, est-ce que je flamboie ? Est-ce que les flammes qui lèchent mon corps existent ailleurs que dans mes yeux ? Et ce soleil, cette chaleur, est-ce que tout ça est réel ?
Et de fait, ni ses mains, ni aucune autre portion de son corps ne brûlait. Pour autant, le soleil dardait à grand peine derrière de lourds nuages et la température glaciale de la ville ne pouvait en rien être confondue avec une quelconque combustion. S’il n’y avait pas combustion, il y avait bel et bien confusion. Il resta là, immobile, à regarder ses mains. A regarder ses mains brûler, pour être exact, et quand il releva les yeux vers la rue, le visage habillé d’un sourire nouveau, il ne brûlait déjà plus. C’était fini, il avait déjà brûlé, il s’était déjà éteint, et de lui ne restaient plus que cendres et fumées.
Ses fumées se mêlèrent aux fumées de la ville, puis, doucement, montèrent dans les cieux, se séparèrent, se désagrégèrent en particules de plus en plus fines jusqu’à n’être plus rien. Ses cendres se mêlèrent aux pavés, à la terre et aux roses trémières, puis le vent les balaya, les dispersa et les perdit. Pourtant, il était encore là, immobile, le visage radieux. Il prit le temps de se recomposer, il rassembla ses particules, ses fragments, puis, reconstitué de ses poussières et de ses cendres, il reprit le chemin du retour.
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