La lueur pâle de l’aube parvient à grand peine à percer les épais rideaux et l’obscurité totale de la pièce s’atténue peu à peu. Les murs s’éclairent lentement d’une lumière d’abord froide et sans éclat, puis, à mesure que les rayons du soleil s’intensifient, le mobilier se met à briller. Discrètement, d’abord, puis avec une intensité de plus en plus forte. Le reflet ricoche sur les meubles, le sol, la literie, et même sur le corps endormi. L’espace d’un instant, le givre qui couvre chaque élément de la pièce brille avec une telle véhémence, réverbérant en la démultipliant à l’infini chaque particule de lumière, que l’intégralité des lieux se retrouve englobée dans un blanc absolu.
En une fraction de seconde, la lumière génère une chaleur telle que la glace fond sous son propre effet et s’évapore immédiatement, puis retombe sur le sol en une brume qui glisse délicatement sous l’embrasure de la porte. La pièce est déjà retournée à sa pénombre.
Le corps allongé se met en mouvement. Il étire un bras, étend une jambe, tourne la tête et sa bouche commence à mâcher l’air. Il laisse échapper un soupir, se tourne, s’agite à nouveau et s’immobilise. Il enfonce enfin vigoureusement sa tête dans les oreillers puis, prenant appui sur ses bras, hisse tout son corps au-dessus du matelas, se redresse et pose ses pieds sur le sol glacé.
Il frotte son œil droit du poignet, gratte ses cheveux et se lève enfin. Il contemple son environnement. La lueur pâle de l’aube parvient à grand peine à percer les épais rideaux. Il regarde sans vie sa penderie et en extirpe de quoi se vêtir de fleurs en évitant de poser le regard sur les cadavres qui s’y balancent. Il pense à l’eau. L’eau de la mer ou l’eau de sa baignoire, il ne sait pas très bien.
Laisser un commentaire