– Tout va bien mon poussin ?
– Tu le fais exprès, en fait. C’est ça ton but dans la vie ? Rendre ma vie misérable et te foutre de ma gueule en le faisant, c’est ça ?
– Je suis désolé mon… Je suis désolé, Icare, j’ai du mal à suivre… C’est quoi, déjà ?
– Je suis un aigle ! Je suis un aigle royal ! Arrête de me rabaisser avec tes histoires de poussin ou de caneton, je suis un aigle ! Voilà !
– Pardon, pardon mon aigle, je suis désolé, je fais de mon mieux, mais je m’y perds, ça change beaucoup, quand même.
– C’est normal que ça change, je me cherche. Je cherche l’oiseau que je vais devoir être toute ma vie, tu ne voudrais quand même pas que je définisse mon identité sur un coup de tête ? C’est normal que ma recherche prenne du temps. C’est même sain, pour dire les choses clairement.
– Oui, oui, bien sûr, mon aigle. Tu sais, je veux juste que tu sois heureux. J’ai avancé sur ton projet, tu veux venir voir ?
– Non, je ne viendrai que quand tu me respecteras vraiment, je n’ai pas de temps à perdre avec des gens qui refusent de m’accepter comme je suis. Sors de ma chambre, papa.
– Désolé mon pouss… Désolé mon aigle. Royal. Bonne soirée.
–
– Papa ! Papa !
– Qu’est-ce qu’il y a mon aigle royal ?
– Tu es rentré dans ma chambre ?! C’est toi qui es rentré dans ma chambre ?!
– Oui, je suis rentré dans ta chambre, pourquoi ?
– T’en as pas marre de me pourrir psychologiquement, il faut en plus que tu détruises mes affaires ?!
– Que je …?
– Tu as fait quoi des branches ?! Des bouts de tissu ?! Qu’as-tu fait des artefacts de mon développement ?!
– Je… Le tas de déchets sous la fenêtre ? Les artefacts de quoi ?
– J’en étais sûr, t’as tout jeté, t’es vraiment qu’une ordure, t’aurais mieux fait de te jeter toi-même, vieux con ! Comment je vais pouvoir nidifier maintenant ?
– Je suis désolé, mon aigle, les éboueurs ne sont pas encore passés, je te ramène ça tout de suite !
– Et je suis un épervier ! Pas un aigle, c’est compliqué à comprendre, ça ?!
–
– Bonjour mon… Mon fier rapace. Tu te sens comment aujourd’hui ?
– J’ai trop mal dormi. Je rajouterai une couette sur mon nid, je suis sûr que les oiseaux feraient pareil s’ils avaient des bras.
– Et tu te sens de quelle nature ?
– Je suis un autour aujourd’hui, papa. Oh, je suis trop content que tu fasses des efforts, je me sens enfin accepté et encouragé, t’es le plus chouette des papas ! T’es mon papa chouette !
– Tu viens voir, j’ai fini ton projet !
– Vrai ? T’assures trop ! Je t’adore !
–
– Icare, mon autour, plus bas, je t’ai dit, c’est trop dangereux de voler si près du soleil.
– Mais merde papa, tu fais chier, tu veux m’empêcher de m’épanouir, c’est ça ? Je prends mon envol, vieux con !
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