Roller coaster of love


turtle of love + falcon of love = roller coaster of love

L’amour n’est pas linéaire. Déjà parce qu’il connait un début et une fin et qu’il serait donc, tout au plus, un segment. Limité dans l’espace, c’est-à-dire dans le temps. L’amour n’est pas linéaire non plus parce que c’est une courbe, une oscillation irrégulière qui bat de bas en haut puis de haut en bas. L’amour est un duo.

Au début, la tortue de l’amour erre mélancoliquement entre les rochers, elle ignore alors qu’elle est au bas de la courbe, elle vit dans la souffrance et ne s’en rend pas compte car la souffrance est la soupe dans laquelle elle baigne depuis sa naissance, une soupe suffisamment tiède pour que son œuf n’ait pas bouilli et qu’elle ait pu éclore. Elle quitte nonchalamment son bol et frotte sa carapace entre les herbes éparses du chemin pour se débarrasser des quelques vermicelles qui lui collent encore à la peau. Là, ça y est, elle est au plus bas, bienheureuse dans l’ignorance. Puis vient le faucon pèlerin de l’amour. Le faucon pèlerin de l’amour, lui, commence au sommet. Son œuf n’a pas baigné dans les ramens des origines, non, il se trouvait dans la grande poêle à frire solaire. Tendrement cuit par les rayons aimants du soleil, il a éclos, et il a commencé au sommet, voire plus haut encore, entre les nuages, au cœur même des rêves.

Pour l’instant, la tortue de l’amour et le faucon pèlerin de l’amour ne sont pas encore amour, ils ne sont qu’absence et ignorance jusqu’à ce que, flânant sans but dans les hautes sphères, le faucon pèlerin de l’amour ne jette son dévolu sur la tortue de l’amour. Il la repère de loin, dandinant lascivement sa carapace verte sur la terre ocre. Elle ondule, sa croupe semble accueillante et, esclave de ses pulsions, le faucon pèlerin de l’amour ne se contrôle plus. Il plonge du sommet du plus haut nuage vers le sol, entamant la première descente de sa vie, connaissant à son tour la souffrance. Il se griffe entre les ronces, se cogne contre les rochers et finit par saisir entre ses serres aimantes la tortue de l’amour qu’il ravit dans les airs. Là, l’espace d’un instant, l’ascension se fait, une union sacrée où tortue et faucon pèlerin ne font plus qu’un, l’Amour, et partent vers les cieux pour une éternité de bonheur.

Puis, souvent, volontairement ou non, le faucon pèlerin de l’amour échappe la tortue de l’amour, elle glisse entre ses serres et entreprend la rapide chute vers la souffrance et, épris d’amour et de panique, le faucon pèlerin de l’amour s’élance à sa poursuite pour la sauver. Il accélère tant et plus, mais ne parvient pas à la rattraper, La tortue de l’amour se fracasse alors sur les récifs de la souffrance, sa carapace se fend, ses intérieurs se déversent déjà sur le sol alors que le faucon pèlerin de l’amour atterrit à ses côtés et, comme ultime moyen de reformer le couple qu’ils ont été brièvement, la dévore.


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